Tom Alran coupe le cordon ombilical
Publié le 15 mai 2022 par Yves Michel
Deux septennats d’une carrière sportive dans un même club, ça compte évidemment. Ce samedi, Tom Alran disputait son dernier match sous les couleurs de l’AS L’Union dans ce gymnase où ses débuts au handball ont tout de suite été remarqués. A 21 ans, le pivot prend de la hauteur. La saison prochaine, il évoluera en Picardie au sein des Pirates d’Amiens, un club qui à terme, aspire intégrer l’élite nationale.
Ce samedi sur le coup de 20h30, sous l’aire couverte François Valles, l’émotion était palpable. Quand le buzzer a retenti et que tous ses partenaires et une partie de l’assistance se sont précipités sur Tom Alran, l'ambiance a décuplé. Les étreintes ont duré un sacré bout de temps. On a même oublié que L’Union avait perdu son ultime rencontre à domicile face à Tardets et que dans un coin du parquet, les Béarnais fêtaient leur accession à l’étage supérieur. Rien ne pouvait être plus fort que les adieux de l’enfant du pays. « J’avoue que j’ai été très touché par ce qui s’est passé. Ce n’est pas anodin d’être resté plus de 14 ans dans le même club et quand tous mes amis (même ceux de l’école primaire à Lapeyrouse-Fossat !), ma famille, sont venus me voir pour cette soirée particulière, c’est émouvant. De les savoir si proche, cela donne un supplément d’âme quand la fatigue arrive, que tu as du mal à avancer. » Tom Alran est arrivé au club en 2008, a intégré les moins de 11 ans et tout de suite, il a tapé dans l'oeil de ceux qui lui ont montré la voie. Le minot avait aussi trouvé une seconde famille. Il a gravi tous les échelons, a évolué en moins de 18 France, tout en restant fidèle aux mêmes couleurs. C’est à cette époque qu’il a pointé son nez en N2, d’abord sur l’aile gauche puis à la faveur d’un gabarit généreux, sur le poste de pivot. « Athlétiquement, au niveau de la prise de balle, il savait déjà tout faire. Sans parler de son investissement en défense, confirme Julien Fitte-Duval, l’actuel coach de l’équipe 1. Au fil du temps, il a pris de la confiance et a surmonté les épreuves du mec tout le temps recalé quand il avait entre 15 et 18 ans. » Tom Alran aurait très pu quitter son confort environnemental bien plus tôt mais sous le regard bienveillant de Carole, sa maman, ancienne championne de très haut niveau de tir à l’arc, l’intéressé avait un impératif. « Dès le départ, je me suis toujours dit que je n’arrêterais jamais les études donc quand j’ai commencé ma licence STAPS, j’avais promis que je resterais durant les trois années à l’Union, j’ai entamé mon Master Commerce Marketing que je suis sur le point de réussir, donc je me suis dit que c’était le moment opportun de tenter une nouvelle aventure. De viser plus haut sans se donner de limites. » Et c’est à cette période qu’Amiens Picardie Handball, comme d’autres clubs de N1, a manifesté son intérêt. Le contact avec le coach Julien Richard (ancien pivot de Dunkerque, d’Aurillac et… d’Amiens) s’est rapidement établi. « Son discours m’a plu, il y a là-bas un vrai projet sportif. Quand je suis allé faire les essais, tout le monde m’a très bien accueilli, ils m’ont fait découvrir la ville, aider à trouver un appart et j’ai été véritablement conquis. » Un nouvel élan est amorcé même si d’autres ont gravi les marches un peu plus rapidement. « C’est vrai que c’est quelqu’un qui arrive sur le tard, reconnaît Julien Fitte-Duval, il y en a de moins en moins des comme lui, je pourrais le comparer à Mathieu Lanfranchi (ancien pivot de Cesson) qui a explosé et Tom n’a pas moins de qualités que lui à son âge. Il va connaître un autre univers, un autre rythme de vie sportive surtout mais il a la caisse pour tout assumer. » Ce samedi par la force des choses puisque l’effectif était amoindri par de nombreux blessés, Tom Alran a passé 60 minutes sur le parquet. Sans qu’il ne grimace de douleur. Ou alors, il a bien masqué son jeu. Et le scénario a été le même tout au long de la saison. A Amiens, la charge de travail ne va pas le rebuter, loin de là. « Avec 6 entraînements/semaine et deux séances de muscu, je vais entrer dans un format beaucoup plus professionnel. Ça va être un bon challenge et cela va me permettre de progresser plus vite. » Amiens 2ème dans sa poule en N1 qui a déjà goûté à la poule Elite, attendra un an de plus pour se mesurer aux adversaires plus huppés. « L’objectif est identifié avec vraiment la volonté d’accéder en Proligue par la suite. » Toulouse - Amiens, Tom Alran s’apprête à faire un bond d’un peu plus de 800 km. Il n’oubliera pas de suivre assidûment les résultats de ses potes de l’AS L’Union, qu’il ne manquera pas d’aller encourager dès que l’occasion se présentera.
La remise du maillot du souvenir entre les deux derniers présidents de l'AS L'Union HB. Armand Bonhomme (à gauche) et Frédéric Dunyach (actuel président, à droite)